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Urgent Dossier Akponan : Talon savait, Houngbédji dévie : qui protège les délinquants en col blanc ?

Le limogeage brutal du ministre de l’Énergie Paulin Akponan, à la suite de ses déclarations fracassantes sur les détournements massifs au sein de son ministère, relance de manière frontale la question de la responsabilité politique et morale du pouvoir exécutif béninois. Un ministre est tombé, certes. Mais les faits qu’il dénonce — eux — sont loin d’avoir été réfutés. Pire, tout indique que le président Patrice Talon était non seulement informé, mais aurait choisi le silence.

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Un discours trop honnête pour survivre au pouvoir

Lors d’un discours à Parakou, Paulin Akponan n’a pas mâché ses mots. Il a évoqué, sans détours, « le siphonnage de dizaines de milliards de francs CFA » orchestré par des « délinquants en divagation », nommant implicitement son prédécesseur, Samou Seidou Adambi, actuellement à la tête du ministère de l’eau et des mines. Cette sortie publique a fait l’effet d’une bombe dans un gouvernement où l’omerta est devenue la norme.

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Mais plutôt que de diligenter une enquête officielle pour faire la lumière sur ces allégations, le gouvernement, par la voix de son porte-parole, a préféré retourner l’accusation contre Akponan lui-même. Selon le récit officiel, ce dernier aurait manqué à son devoir de réserve en n’informant pas son chef, Patrice Talon, des malversations qu’il aurait constatées.

Or, plusieurs sources internes au gouvernement confirment que le président Talon était bel et bien au courant des irrégularités dans la gestion du ministère de l’Énergie — et ce, depuis plusieurs années.

Le précédent Jean-Claude Houssou : silence, on détourne

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Le cas de Jean-Claude Houssou, ancien ministre de l’énergie et promoteur du programme « Éclairer le Bénin », est une illustration cinglante du double langage du pouvoir. Présenté comme un technocrate modèle, Houssou a quitté le gouvernement sans bruit, alors même que des soupçons de détournements, surfacturations, pots-de-vin et malversations dans les marchés publics pesaient lourdement sur sa gestion. Selon des informations concordantes, plusieurs membres de son cabinet, notamment à la cellule de passation des marchés, ont été directement cités dans des affaires de corruption.

À l’époque, Patrice Talon, déçu et irrité en privé, aurait reconnu avoir été trahi par son ancien ministre. Mais rien n’a été entrepris pour engager sa responsabilité judiciaire. Au contraire, le silence radio a prévalu, et l’ex-ministre a pu tranquillement rejoindre la France, échappant à toute poursuite.

Un deux poids deux mesures criant

Pourquoi Paulin Akponan, qui n’a fait que confirmer à demi-mot ce que les observateurs soupçonnaient déjà, est-il aujourd’hui suspendu et publiquement désavoué ? Pourquoi une telle sévérité pour celui qui a osé parler, alors que d’autres, beaucoup plus compromis, ont bénéficié d’un traitement discret voire protecteur ?

La réponse tient à un choix stratégique du pouvoir : préserver l’image d’un gouvernement prétendument rigoureux, quitte à sacrifier ceux qui brisent le silence. Le discours du porte-parole du gouvernement, qui accuse Paulin Akponan de n’avoir rien dit en privé, est perçu par plusieurs observateurs comme une manœuvre pour détourner l’attention de la gravité des faits dénoncés. D’autant que selon nos sources, plusieurs notes confidentielles avaient bien été transmises à la présidence, alertant sur les anomalies budgétaires au sein du ministère.

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Le limogeage de Paulin Akponan ne vise pas à régler le problème, mais à éteindre un incendie politique. En renvoyant le messager au lieu d’écouter son message, le régime Talon révèle les limites d’un système qui, sous couvert de rigueur, tolère les abus tant qu’ils ne sont pas exposés publiquement.

La gestion du secteur énergétique béninois, autrefois vitrine de la « rupture », est aujourd’hui un champ miné de contradictions, de frustrations et d’opacité. En sacrifiant Paulin Akponan, le pouvoir tente de sauver la façade, mais la réalité, elle, reste brûlante et impunie.

 

 

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