⚖️🖋️ RDC : 20 ans requis contre Stanis Bujakera, entre justice et liberté de presse
En République démocratique du Congo, un procès retentissant secoue le monde des médias et interroge sur l’état de la liberté de presse dans le pays. Stanis Bujakera, journaliste et directeur adjoint du média Actualité CD ainsi que correspondant de Jeune Afrique, fait face à des accusations graves qui pourraient le conduire à passer les vingt prochaines années derrière les barreaux. Les charges retenues contre lui incluent la contrefaçon, le faux en écriture, l’usage de faux, et la propagation de fausses informations, suite à la diffusion d’un document incriminant le renseignement militaire congolais dans la mort de l’opposant Chérubin Okende.
Devant le tribunal, Bujakera a défendu son intégrité professionnelle, affirmant que son travail se limite à la collecte de faits. Cependant, le procureur a soutenu que le journaliste aurait fabriqué et diffusé une note des renseignements civils incriminant directement les services de renseignement militaires dans cet homicide, dans l’intention présumée de “salir l’image du pays”.
Ce procès soulève des questions cruciales sur le rôle de la justice et la protection des journalistes en RDC. Les avocats de la défense ont pointé du doigt les faiblesses de l’accusation, soulignant l’absence de preuves concrètes à l’encontre de leur client. Selon eux, le droit pénal congolais, inspiré du modèle français, accorde une importance prépondérante à la matérialité des preuves, principe qui pourrait jouer en faveur de l’acquittement de Bujakera.
Malgré les appels répétés pour sa libération, toutes les demandes de liberté provisoire ont été rejetées. Le président Félix Tshisekedi lui-même a évoqué une “justice malade” dans le traitement de ce dossier, témoignant des tensions et des enjeux autour de cette affaire. Le jugement, mis en délibéré, est attendu au plus tard le 20 mars.
Ce procès contre Stanis Bujakera ne se limite pas à un simple cas judiciaire; il reflète les défis auxquels sont confrontés les journalistes dans l’exercice de leur métier en RDC. Il met en lumière les tensions entre les impératifs de sécurité nationale et le droit fondamental à la liberté d’expression, dans un contexte où le travail de presse est essentiel pour la démocratie et la transparence.