Tunis, Tunisie – Le verdict est tombé dans le procès des deux journalistes tunisiens arrêtés le 11 mai dernier. Les deux hommes ont été condamnés à un an de prison, une sentence qui marque un coup dur pour la liberté de la presse dans le pays. La condamnation a été confirmée hier soir, avec chaque journaliste écopant de six mois de prison ferme dans deux affaires distinctes.
Détails des Accusations
Les deux journalistes ont été inculpés principalement pour la diffusion de fausses informations, conformément au décret-loi 54 promulgué par le président Kaïs Saïed en 2022. Bien que les motifs précis de l’accusation restent flous, il est clair que leurs critiques du pouvoir sur les réseaux sociaux et dans leurs émissions ont été jugées inacceptables par les autorités. L’un des journalistes, Mourad Zri, a également été condamné pour avoir soutenu un collègue emprisonné, Mohamed Bouraleb, sur Facebook.
Réactions et Contexte
Lors de l’audience, les journalistes ont défendu leurs propos en affirmant qu’ils faisaient simplement leur travail en critiquant et en soutenant parfois les décisions du président. Mourad Zri a déclaré : « Je ne suis ni un opposant ni un partisan du président. Parfois, je soutiens ses choix et parfois je les critique. Cela fait partie de mon travail. »
Son collègue, Boren Psayes, a été accusé d’avoir porté atteinte à la personne du chef de l’État à travers ses émissions radio et ses publications sur Facebook, remontant de 2019 à 2022. Ce verdict a été un choc pour de nombreux journalistes tunisiens, qui s’étaient rassemblés par dizaines devant le tribunal pour soutenir leurs collègues. Le syndicat des journalistes tunisiens a exprimé sa vive inquiétude, indiquant que près de vingt journalistes sont actuellement poursuivis en vertu du décret-loi 54.
Impact sur la Liberté de la Presse
Cette condamnation représente un recul significatif pour la liberté de la presse en Tunisie, un pays qui avait pourtant fait des progrès notables en matière de liberté d’expression depuis la Révolution de 2011. Les journalistes tunisiens expriment de plus en plus leur peur de travailler dans un contexte de répression accrue. Malgré cela, beaucoup restent déterminés à lutter pour la liberté de la presse, un droit qu’ils considèrent comme acquis grâce à la Révolution.
La condamnation de ces deux journalistes à un an de prison met en lumière les tensions croissantes entre les médias et le gouvernement tunisien. Alors que le pays continue de naviguer dans un climat politique complexe, la protection de la liberté de la presse demeure un enjeu crucial pour l’avenir démocratique de la Tunisie. Les appels à la révision du décret-loi 54 et à la libération des journalistes emprisonnés se multiplient, soulignant la nécessité de garantir un espace de libre expression pour les médias dans le pays.