
⚖️🎙️ Louis Philippe Houndégnon à nouveau devant la CRIET
L’ancien directeur général de la police nationale, Louis Philippe Houndégnon, est de nouveau convoqué ce lundi devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour la suite de son procès. Poursuivi pour incitations à la rébellion et harcèlement électronique, l’ex-patron de la police nationale pourrait entendre aujourd’hui les réquisitions du ministère public.
Depuis l’ouverture de cette procédure, ce dossier dépasse largement le simple cadre judiciaire pour révéler, en filigrane, des tensions politiques et institutionnelles persistantes au Bénin. Officiellement, l’ancien officier est poursuivi pour ses prises de parole publiques jugées critiques envers la réforme de la police républicaine et sa mise à la retraite d’office. Lors de ses précédentes comparutions, Louis Philippe Houndégnon a rejeté toutes les accusations, les liant à ce qu’il considère comme des règlements de comptes politiques consécutifs à ses positions exprimées dans l’espace médiatique.
Son dossier prend ainsi une dimension particulière, car il s’inscrit dans un contexte plus large de recomposition du pouvoir au sein des forces de sécurité, où la réforme de la police républicaine, initiée sous le président Patrice Talon, a profondément modifié les équilibres internes. En critiquant ouvertement cette réforme et en évoquant des manœuvres visant à l’écarter, Houndégnon touche à des sujets sensibles : l’autorité de l’État, la loyauté des anciens hauts responsables sécuritaires et la liberté d’expression des fonctionnaires retraités.
La situation est d’autant plus délicate que la notion d’incitation à la rébellion reste juridiquement lourde de conséquences dans un État soucieux de préserver sa stabilité institutionnelle. Toute déclaration ou action perçue comme une contestation ouverte du pouvoir peut être interprétée comme une menace contre l’ordre républicain, d’où la prudence apparente des autorités dans le traitement de ce dossier.
À l’audience de ce jour, la posture du ministère public sera scrutée attentivement, car elle pourrait indiquer la volonté de l’État soit d’apaiser les tensions en adoptant une position modérée, soit d’envoyer un signal fort quant à la tolérance zéro pour toute critique interne.
Le verdict attendu prochainement sera donc autant un jugement de droit qu’un message politique, dans un contexte où le rapport entre autorité, réforme institutionnelle et liberté individuelle reste particulièrement sensible.