La récente livraison de céréales de la Russie à divers pays africains, bien que semblant généreuse avec un volume de 200 000 tonnes, révèle une stratégie plus complexe et calculée. Cette initiative, distribuée entre six pays africains dont le Burkina Faso, le Mali, la République Centrafricaine, le Zimbabwe et la Somalie, bien que répondant partiellement aux besoins alimentaires, s’inscrit dans une manœuvre plus vaste visant à cultiver l’image de la Russie comme un bienfaiteur des pays du Sud, particulièrement en Afrique.
Cette approche humanitaire de la Russie est étroitement liée à son offensive d’influence en Afrique, où la sécurité joue un rôle central. La Russie se positionne comme un fournisseur de protection rapprochée pour les pouvoirs en place, offrant des conseillers, des combattants et surtout du matériel militaire à des prix compétitifs. Cette dimension sécuritaire est devenue le fer de lance de l’engagement russe sur le continent, dépassant les aspects économiques.
Le cas de la République Centrafricaine (RCA) est emblématique de cette stratégie russe. Autrefois perçue comme la tête de pont de l’influence russe en Afrique, elle a été supplantée par d’autres pays clés tels que le Soudan et la Libye, et plus récemment par Ouagadougou dans la région sahélienne. Ces mouvements indiquent une réorientation stratégique de la Russie, cherchant à établir une présence solide dans des zones stratégiques à travers l’Afrique.
La distribution de céréales, bien qu’utile, reste symbolique par rapport aux besoins réels des pays bénéficiaires. Elle est également contrastée avec les actions militaires russes en Ukraine, notamment le pilonnage des silos à céréales ukrainiens. Cela soulève des questions sur les véritables motivations de la Russie et sa méthode de juxtaposer des gestes humanitaires avec des objectifs géopolitiques plus larges.
En résumé, la stratégie russe en Afrique s’articule autour d’une combinaison d’offres sécuritaires et de gestes humanitaires. Cette approche vise à renforcer l’influence russe sur le continent, tout en offrant une alternative aux pays africains face aux partenariats occidentaux. Toutefois, cette stratégie soulève des interrogations quant à sa durabilité et à son impact réel sur le développement à long terme des nations africaines.