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Présidentielle 2026 au Bénin : Talon et l’ombre d’une succession sous tension

Présidentielle au Bénin : Les candidats face au spectre de 2026 

Au Bénin, les projecteurs se braquent progressivement sur 2026, année de la prochaine élection présidentielle. Pourtant, dans l’entourage du président Patrice Talon, aborder la question de la succession reste périlleux. Plusieurs figures politiques qui ont été perçues comme des prétendants potentiels à la magistrature suprême en ont fait les frais.


Des ambitions réprimées : le précédent Dagnon, Boko et Homeky

L’histoire récente regorge de cas où l’évocation d’une candidature présidentielle a conduit à des sanctions sévères. Johannes Dagnon, cousin et  ancien conseiller spécial du président Talon a été le plus chanceux. Il a  été éjecté de son poste après que des partisans ont suscité sa candidature. Son éviction a envoyé un signal fort : toute initiative politique, même indirecte, peut être perçue comme une défiance à l’autorité du chef de l’État.

Oswald Homeky, ex-ministre des Sports, a vu sa carrière politique stoppée net après avoir soutenu la candidature d’Olivier Boko, l’allié discret mais influent de Patrice Talon. Ce dernier, pressenti comme un candidat favori pour 2026 par une frange importante de la jeunesse béninoise, est aujourd’hui incarcéré, accusé de tentative de coup d’État sans preuves matérielles selon ses avocats. Ces événements montrent que l’entourage du président fonctionne sous haute surveillance, laissant peu de place à l’expression d’ambitions personnelles.


Le cas Adambi  

Samou Seidou Adambi, figure respectée dans le septentrion et acteur clé du développement local, se retrouve dans une position délicate. Ces derniers jours des appels à sa candidature pour 2026 ont été relayés dans les médias. Cependant, afficher ouvertement ses ambitions pourrait lui coûter son poste, voire plus. La posture de Talon vis-à-vis de son successeur, qu’il dit vouloir choisir activement, ajoute à cette pression. La réforme du système partisan, qui visait à structurer les partis politiques et à renforcer la discipline collective, semble désormais jouer contre les prétendants potentiels. Les partis politiques, dominés par des figures proches de Talon, limitent toute velléité d’émancipation. Ainsi, Adambi se retrouve dans une impasse.


Wadagni, Djogbénou, et Atrokpo en retrait

Romuald Wadagni, ministre des Finances, fuit toute discussion sur 2026. Reconnu pour ses compétences, il évite de donner prise à une quelconque interprétation de ses intentions. De son côté, Joseph Djogbénou, ancien président de la Cour constitutionnelle, entretient le flou malgré les spéculations de son entourage. Quant à Luc Atrokpo, maire de Cotonou, son ambition semble masquée par une prudence calculée. Ces figures illustrent un paradoxe : dans une démocratie moderne, les débats sur la succession devraient être ouverts et apaisés. Mais au Bénin, le climat politique actuel dissuade toute tentative d’affirmation personnelle, transformant les potentiels candidats en figures silencieuses.


Talon, arbitre ou verrou de la succession ?

En 2023, Patrice Talon déclarait qu’il serait actif dans le choix de son successeur, et que le débat serait ouvert six mois avant les élections. Cette déclaration soulève des interrogations sur l’équilibre entre un rôle d’arbitre impartial et une volonté de contrôle absolu. Ce calendrier restreint pourrait empêcher une véritable compétition démocratique et favoriser un candidat adoubé par le président sortant. La réforme du système partisan, pensée pour renforcer la démocratie, semble aujourd’hui créer un environnement où l’initiative politique individuelle est perçue comme une menace. Si cette réforme a permis de structurer le paysage politique, elle soulève des questions sur la liberté des acteurs politiques de s’exprimer et de participer activement au jeu démocratique.

Samou Seidou Adambi fait face à un risque majeur : celui de devenir la prochaine victime d’un système qui bride les ambitions au nom de la discipline. Ce contexte pousse à s’interroger sur la pertinence d’une réforme qui, si elle renforce la stabilité, limite paradoxalement les dynamiques démocratiques nécessaires à une alternance crédible. En 2026, le Bénin devra répondre à une question essentielle : la réforme du système partisan, tel qu’il est appliqué aujourd’hui, est-elle un levier pour une démocratie plus forte ou un outil de contrôle politique ?

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