La rentrée scolaire en Mauritanie est marquée cette année par de fortes tensions. Un sit-in pacifique, organisé par les syndicats de l’enseignement privé à la Place de la Liberté à Nouakchott, a été violemment dispersé par les forces de l’ordre. Certains manifestants ont été arrêtés, tandis que d’autres ont été blessés, selon les témoignages. Ce mouvement de protestation n’avait pas été autorisé par les autorités, selon le gouvernement.
Une réforme controversée de l’enseignement primaire
Le mécontentement trouve sa source dans une réforme qui prévoit que l’enseignement primaire soit, à terme, exclusivement assuré par le secteur public. Cette décision implique la suppression progressive des classes dans les écoles privées, une situation qui inquiète les parents d’élèves et les enseignants du secteur privé. Ils dénoncent des conditions d’apprentissage inadéquates dans les écoles publiques, avec des classes surchargées pouvant atteindre jusqu’à 140 élèves par salle, et des infrastructures souvent défaillantes, notamment l’absence de tables, d’électricité ou de fournitures scolaires de base.
De plus, les parents critiquent l’inégalité créée par cette réforme, car certaines écoles privées, souvent très coûteuses, sont exemptées et continuent à proposer des classes primaires. Cette situation aggrave la frustration des familles qui souhaitent pouvoir choisir le type d’éducation pour leurs enfants.
Un gouvernement rassurant, mais une inquiétude persistante
Le gouvernement mauritanien tente de calmer les inquiétudes en assurant que le système public est capable d’accueillir tous les élèves. « L’école républicaine est là pour tout le monde », a déclaré un porte-parole, insistant sur le fait que les élèves du public et ceux du privé bénéficieront des mêmes conditions. Cependant, cette déclaration n’a pas apaisé les tensions. Les parents restent préoccupés par la qualité de l’enseignement dans le public, ainsi que par l’absence de choix concernant la langue d’enseignement, la plupart des cours dans les écoles publiques étant dispensés exclusivement en arabe.
Vers un mouvement de contestation plus large ?
Cette réforme, qui est discutée depuis trois ans, continue de susciter des débats en Mauritanie. Alors que de plus en plus de voix s’élèvent contre la suppression de l’enseignement privé, la situation pourrait dégénérer en un mouvement de contestation plus large, particulièrement si le gouvernement n’offre pas de solutions concrètes pour répondre aux préoccupations des familles.