Le supplice du porteur de parole critique dans une société de Peur : Quand la liberté d’expression est Avilie
Dans cette chronique incisive, le Père Éric Aguénounon, philosophe politique et Directeur de l’IAJP, analyse le climat de répression pesant sur la parole critique dans nos sociétés. Il déplore l’érosion de la liberté d’expression, où tout porteur d’une réflexion analytique ou d’une critique est aussitôt attaqué par une horde manipulée, visant à humilier et étouffer toute voix dissidente. Une réflexion profonde sur les dangers d’une société où seule la voix du pouvoir règne en maître, au détriment du bien commun.
Le Père Éric Aguénounon, Directeur de l’IAJP
Ces dernières années, la prise de parole citoyenne publique est devenue une denrée rare parce qu’elle est assimilée à un péché mortel alors que cela ne devrait pas être le cas dans une nation qui aspire à se révéler au monde. Le porteur d’une parole analytique ou critique est immédiatement prise en charge par une horde commanditée à l’aide des commandes de commodités afin d’avilir le sujet de la parole. Un peu pour dire que seuls les saints porteront la parole critique alors que les critiques portent sur le factuel, le vécu, et l’ambiance de peur qui terrorise le savant, le roturier et même le seigneur.
Le roi seul ne vit pas dans son royaume et tout royaume existe grâce au territoire et au peuple. À quoi sert un roi sans territoire, sans peuple ? Le roi a besoin de son peuple comme matrice d’expression de son pouvoir. Mieux, le peuple est le rempart contre l’invasion. Mais, d’où vient la théorie du roi seul vivant et bon vivant sur un territoire ? D’où vient la théorie de la parole royale seule voix dans un désert assourdissant ? D’où vient la théorie du roi qui parle seul… ? Ne deviendra-t-il pas plus esseulé que Robinson Crusoé ?
Un roi qui parle seul, qui n’écoute personne et qui ne sent pas le besoin d’écouter, le seigneur, le savant, le roturier, et le peuple sort peu à peu de la réalité pour devenir l’unique personnage d’un mythe rarement entendu et d’un temps hivernal tragiquement vécu. Roi mythique et esseulé dans un royaume vidé de sentiments, de sens, et d’existence dédiée au bien commun.
Et on comprend alors pourquoi la parole, le sujet de la parole, l’objet de la parole, pourtant factuel, sont tous flagellés, maltraités, crucifiés et tués. Cette société mythique inédite s’illustre et se distingue par la violente myopie systématique.
Abbé Arnaud Éric AGUÉNOUNON
Philosophe politique