Après des affrontements violents à Nairobi, le Président du Kenya, William Ruto, a annoncé le retrait du projet de loi controversé qui prévoyait des hausses d’impôts. Cette décision intervient après des manifestations massives et des critiques sévères, tant nationales qu’internationales.
Contexte des Manifestations
Le Kenya a été secoué par des manifestations violentes contre le projet de budget de Ruto, qui comprenait des hausses d’impôts sur des biens de consommation courante, notamment le pain, les carburants et les voitures. Ces mesures ont déclenché une colère généralisée, conduisant à des affrontements avec les forces de l’ordre près du Parlement à Nairobi. Les manifestations ont causé la mort d’au moins 22 personnes et des dizaines de blessés. Le bâtiment du Parlement a également été incendié.
Annonce de Retrait
Dans un discours surprenant, Ruto a annoncé le retrait du projet de loi budgétaire, déclarant : “Il est grand temps que nous écoutions la voix du peuple.” Il a ajouté que les réformes budgétaires seraient réévaluées et qu’une grande concertation nationale serait lancée, incluant des organisations sociales, politiques et religieuses.
Pressions Internationales
La décision de Ruto semble également être influencée par des pressions internationales. Des organisations telles que le FMI, l’Union Africaine, ainsi que des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, ont exprimé leur inquiétude face à l’escalade des violences. La nécessité de maintenir la stabilité et de répondre aux préoccupations économiques urgentes a été un facteur clé dans ce revirement.
Crise Économique et Sociale
Le Kenya, avec une population de 54 millions d’habitants, est considéré comme la locomotive économique de l’Afrique de l’Est. Cependant, le pays est traversé par de profondes inégalités et une dette croissante. L’impact du COVID-19, la guerre en Ukraine et une sécheresse historique ont exacerbé la situation économique, provoquant une inflation galopante et une dévaluation de la monnaie.
Défis pour le Président Ruto
Le Président Ruto se trouve dans une position délicate. D’un côté, il doit satisfaire les créanciers internationaux en augmentant les recettes fiscales pour honorer les remboursements de prêts. De l’autre, il doit répondre aux besoins pressants de la population, sévèrement impactée par les crises successives. La taxe de 17 % sur le pain, par exemple, a été particulièrement mal reçue, symbolisant la difficulté de la population à absorber de nouvelles charges fiscales.
Le retrait du projet de budget par le Président William Ruto marque un tournant dans la gestion de la crise économique et sociale au Kenya. La concertation nationale proposée pourrait offrir une voie vers des solutions plus équilibrées, répondant à la fois aux exigences des créanciers et aux besoins de la population. Les prochains jours seront cruciaux pour déterminer l’impact de cette décision sur la stabilité du pays.