Italie-Afrique : réactions diverses au plan de développement Mattei
Le sommet Italie-Afrique qui s’est tenu récemment sous l’égide de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a marqué un tournant significatif dans les relations entre l’Italie et le continent africain. L’événement a été le théâtre de la présentation d’un ambitieux plan de développement, baptisé “Plan Mattei”, du nom d’Enrico Mattei, pionnier de l’énergie en Italie. Ce plan vise à renforcer les liens économiques, tout en abordant de manière holistique la question migratoire qui préoccupe tant l’Europe que l’Afrique.
Réactions nuancées face au Plan Mattei
L’annonce du plan a suscité des réactions diverses parmi les observateurs internationaux. L’ONU et plusieurs ONG, tout en reconnaissant les intentions louables de l’initiative, ont exprimé leur prudence. Amy Pope, Directrice Générale de l’Organisation internationale pour les migrations, a souligné l’importance d’aborder la migration dans sa globalité, mettant l’accent sur l’investissement dans l’énergie verte et la formation professionnelle comme moyens efficaces de faire face aux pressions migratoires.
D’un autre côté, Paolo Sylvestri, secrétaire général de la Fondation AVSI pour la coopération, doute de la capacité du plan à réduire les flux migratoires à court terme. Il met en avant la nécessité d’un horizon temporel plus long, d’au moins dix ans, pour générer un impact significatif dans les domaines de l’éducation et de la formation des générations futures. Sylvestri plaide pour l’activation d’outils permettant de gérer le phénomène migratoire par la création de flux migratoires réguliers, légaux et autorisés.
Le Plan Mattei face aux Objectifs de Développement Durable
Le plan de Meloni est également perçu comme une tentative de répondre à l’échec partiel de l’Agenda 2030 des Nations Unies en matière d’objectifs de développement durable (ODD). Amina Mohamed, secrétaire générale adjointe aux Nations Unies, constate que seuls 15% des ODD sont en passe d’être atteints d’ici 2030, qualifiant la situation d’échec. Elle voit cependant dans l’Afrique un potentiel immense pour devenir une centrale d’énergie propre et un centre de service numérique de premier plan, ainsi que le prochain grand pôle manufacturier du monde.
Vers une nouvelle ère de coopération Italie-Afrique
Le Plan Mattei, avec ses promesses de développement économique et de gestion améliorée des flux migratoires, s’inscrit dans une vision plus large de coopération entre l’Italie et l’Afrique. En mettant en avant des initiatives économiques susceptibles de décourager les migrations dangereuses vers l’Europe, l’Italie cherche à jouer un rôle de premier plan dans la création de conditions de vie meilleures pour les jeunes africains, tout en abordant les défis migratoires auxquels elle est confrontée en tant que pays de première ligne en Europe.
Les réactions au plan Mattei reflètent les complexités et les défis inhérents à la mise en œuvre de telles initiatives à grande échelle. Elles mettent en évidence la nécessité d’un engagement soutenu et d’une collaboration étroite entre les pays européens et africains pour assurer le succès de ce grand projet de développement, dont l’impact pourrait redéfinir les relations entre les deux continents pour les années à venir.
