Face à la décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de quitter la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Sénégal a été désigné pour faciliter les discussions entre ces pays et l’organisation régionale. Le président sénégalais, connu pour ses idées panafricanistes et souverainistes, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, prônent le renforcement de l’institution communautaire.
Un Désaccord avec la Démarche Fractionniste
Lors d’une rencontre avec le vice-président gambien, Muhammad B.S. Jallow, à Dakar, Ousmane Sonko a exprimé son désaccord avec la démarche fractionniste des trois pays. Selon lui, cette division affaiblirait davantage les nations ouest-africaines. “Notre logique est de travailler au rapprochement des pays africains,” a souligné Sonko, insistant sur l’importance de l’intégration régionale.
Une Vision Souverainiste et Panafricaniste
Le président sénégalais, élu en mars dernier, a fait de l’intégration africaine une priorité fondamentale de sa politique diplomatique. Après son installation, il a visité de nombreux pays membres de la CEDEAO, y compris le Burkina Faso et le Mali, pour renforcer les liens régionaux. Ces efforts s’inscrivent dans une vision souverainiste visant à consolider les relations entre les nations africaines.
Contexte de Tensions Régionales
La décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de former l’Alliance des États du Sahel (AES) découle de la volonté de la CEDEAO de réinstaller par la force le président Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’État militaire en juillet 2023. Les trois pays, dirigés par des juntes militaires, font face à des menaces sécuritaires importantes, notamment la violence jihadiste.
Nomination de Bassirou Diomaye Faye comme Facilitateur
Lors du dernier sommet de la CEDEAO, Bassirou Diomaye Faye a été nommé facilitateur des discussions avec l’AES. Ousmane Sonko a rappelé l’importance de ne pas encourager une nouvelle scission, soulignant que “partout dans le monde, les pays s’efforcent de se renforcer au sein d’entités solides.”
Appel à la Réconciliation
Ousmane Sonko exhorte les trois États en conflit avec la CEDEAO à reconsidérer leur position afin de ne pas anéantir le travail accompli depuis un demi-siècle. “Il est évident que nos nations, prises isolément, ont très peu de chances de réussir le grand bond en avant attendu depuis longtemps par les peuples,” a-t-il déclaré, appelant à un “dépassement” dans les relations internationales et bilatérales.
Réactions et Perspectives
Le général Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie du Niger, a affirmé que “la CEDEAO est derrière nous,” menaçant de représailles si l’organisation prenait des mesures contre les ressortissants des pays de l’AES. Cette déclaration montre la détermination des pays de l’AES à défendre leur position.
Le rôle de facilitateur du Sénégal dans les discussions entre la CEDEAO et l’AES est crucial pour éviter une escalade des tensions en Afrique de l’Ouest. Le succès de cette médiation pourrait renforcer la coopération régionale et promouvoir la stabilité dans une région en proie à de nombreuses difficultés sécuritaires et politiques.