Élections 2026 au Bénin : 500 000 défunts inscrits, la LEI sous le feu des critiques
La fiabilité de la liste électorale constitue un enjeu central pour les élections générales de 2026 au Bénin. Dans un contexte marqué par des tensions politiques persistantes depuis les législatives controversées de 2019, cette question soulève de multiples interrogations. Entre révélations préoccupantes, notamment sur l’inscription de milliers de défunts sur le fichier électoral, et divergences sur les méthodes de sa gestion, la transparence du processus électoral reste au cœur des débats.
Une liste électorale contestée : les critiques affluent
Les propos de Jacques Richard Codjo, membre de l’Union Progressiste le Renouveau (UPR), dénonçant l’inscription de plus de 500 000 défunts sur la liste électorale, illustrent les graves dysfonctionnements du système. Cette révélation relance le débat sur la crédibilité de la Liste Électorale Permanente Informatisée (LEPI), désormais remplacée par la Liste Électorale Informatisée (LEI). Malgré les garanties avancées par l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (ANIP), chargée de la gestion du fichier, les critiques persistent.
L’opposition, regroupée au sein du Cadre de Concertation des Partis Politiques (CCP), réclame un audit complet pour restaurer la confiance dans le processus. Ces inquiétudes trouvent écho dans les controverses ayant entouré les législatives de 2019, où l’exclusion de certaines formations politiques avait exacerbé les tensions. Les élections législatives de 2023, bien que plus inclusives, n’ont pas réussi à dissiper toutes les appréhensions.
Les insuffisances structurelles : l’échec d’une réforme aboutie ?
L’introduction de la LEI visait à moderniser et sécuriser le fichier électoral. Pourtant, sa mise en œuvre semble insuffisante. Selon le schéma décrit par Jacques Richard Codjo, la génération de la liste par l’ANIP intervient à la veille des échéances électorales, rendant difficile une vérification exhaustive. Ce processus suscite des interrogations, surtout lorsque l’ANIP elle-même a supervisé la liste des élections précédentes, accusées de multiples irrégularités.
Dans le mème temps, l’idée avancée par l’opposition de créer un Comité Politique d’Encadrement (CPE) pour superviser la fiabilité de la LEI a été jugée « inopportune » par l’UPR. Le parti majoritaire rappelle que la gestion technique du fichier relève exclusivement de l’ANIP, conformément aux lois en vigueur. Ce rejet a confirmé les tensions entre une opposition exigeant davantage de contrôle, et une mouvance présidentielle soucieuse de préserver l’autorité des institutions en place.
Pour beaucoup d’observateurs, la question de la liste électorale dépasse le simple cadre technique pour devenir un enjeu de confiance et de stabilité démocratique. Si le gouvernement et les partis de la majorité restent ouverts à contribuer à une liste fiable, la perception d’un contrôle unilatéral alimente toujours les suspicions. La préservation d’un cadre légal strict, tout en répondant aux préoccupations de l’opposition, semble être la voie à suivre pour éviter de nouvelles contestations selon un expert des questions électorales joint par notre rédaction.
2026 : un test pour la démocratie béninoise
Les élections générales de 2026 se profilent comme un moment décisif pour le Bénin. Le pays, souvent cité comme un exemple de stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest, voit sa réputation mise à l’épreuve par des tensions internes récurrentes depuis 2019. La gestion transparente de la liste électorale sera importante pour garantir des élections apaisées et crédibles. Le défi pour les autorités béninoise sera alors de concilier la nécessité de respecter le cadre légal avec l’urgence de restaurer la confiance des citoyens dans le processus électoral. En fin de compte, la réussite de ces élections dépendra de la capacité des acteurs politiques à dépasser leurs antagonismes pour placer l’intérêt national au-dessus des calculs partisans.