Décès du Commissaire Émile Adjekossi : Mystères et interrogations malgré les conclusions officielles
Le corps du commissaire principal de police Émile Adjekossi, chef de la brigade criminelle du Bénin, a été rapatrié le 31 octobre 2024, suite à son décès survenu en Côte d’Ivoire dans la nuit du 27 au 28 octobre. Selon une information rapportée par le média Olofofo, mais non confirmée par le porte parole de la police républicaine, l’autopsie réalisée avant le retour de sa dépouille, a révélé qu’une crise d’asthme aurait emporté ce haut gradé de la police, coordinateur en chef de l’enquête sur la présumée tentative de coup d’État impliquant Olivier Boko et Oswald Homeky. Cependant, malgré la publication rapide des résultats de cette autopsie, des doutes subsistent quant aux véritables circonstances de sa mort.
L’onde de choc provoquée par le décès du commissaire Adjekossi a traversé le pays, d’autant que cette disparition s’inscrit dans un contexte sensible. En effet, peu de temps avant ce drame, un autre agent de la brigade criminelle, également impliqué dans les enquêtes en cours, avait trouvé la mort dans un accident de la circulation à Cotonou. Ces deux décès, intervenus en un laps de temps très court, ont ravivé des spéculations et suscité des interrogations légitimes sur la sécurité des agents en charge de ce dossier délicat.
L’ombre des rites traditionnels et des suspicions de complot
Un élément supplémentaire vient épaissir le voile de mystère qui entoure ce décès. Lors des funérailles du commissaire Adjekossi, des séquences vidéo diffusées sur les réseaux sociaux montrent un membre de la famille monter sur le cercueil pour accomplir des rites endogènes. Ce dernier aurait prononcé des paroles lourdes de sens, évoquant une « vengeance posthume » du défunt contre ceux qui seraient, selon lui, responsables de sa mort. Cette scène, empreinte de symbolisme, résonne profondément dans un pays où les croyances traditionnelles accordent un pouvoir spirituel aux défunts. Pour beaucoup, les morts ne sont pas complètement partis, et leur influence peut perdurer, notamment pour régler les comptes en cas d’injustices non résolues.
Cette intervention familiale, si elle reflète un état d’esprit lié aux pratiques endogènes béninoises, a également jeté le doute sur la version officielle des faits. La précipitation avec laquelle les résultats de l’autopsie ont été communiqués aux médias, révélant une mort par crise d’asthme, interpelle. Certes, le commissaire Adjekossi souffrait, semble-t-il, de cette affection, mais la rapidité et la certitude affichées par les autorités sanitaires semblent inhabituelles pour un cas aussi sensible.
Un contexte particulier et des questions sans réponse
Dans ce contexte, il est légitime de se demander si toutes les hypothèses ont été explorées de manière rigoureuse. L’implication d’Émile Adjekossi dans l’enquête sur la présumée tentative de coup d’État, une affaire hautement politique et potentiellement explosive, suscite naturellement des spéculations. Sa disparition pourrait-elle être liée à ses fonctions ou aux informations sensibles qu’il détenait ? Les deux décès successifs d’agents clés de cette enquête sont-ils réellement le fruit de coïncidences malheureuses, ou cachent-ils des causes plus troublantes ?
Les autorités béninoises et les institutions policières doivent s’efforcer de répondre à ces questions pour dissiper tout soupçon de manipulation ou de dissimulation. La transparence est ici de mise, tant pour honorer la mémoire du commissaire Adjekossi que pour garantir la confiance du public dans les institutions. Dans un pays où la culture du secret et des rumeurs peut facilement alimenter les théories de complot, une enquête approfondie et une communication claire sur ce dossier sont essentielles.