Un vif débat secoue les sphères juridiques et politiques suite à la proposition de révision constitutionnelle et du code électoral, questionnant ainsi les fondements mêmes du régime présidentiel du pays. Au cœur de cette controverse, deux éminents juristes, Abraham Zinzindohoué, ancien président de la Cour suprême, et Robert Dossou, ancien président de la Cour Constitutionnelle, expriment des visions diamétralement opposées.
Abraham Zinzindohoué soutient la révision de 2019, arguant que l’inversion des dates des élections est une nécessité pour assurer la stabilité et la concordance dans la gouvernance. Selon lui, dans un régime présidentiel comme celui du Bénin, il est primordial de débuter par l’élection du président de la République. Cette démarche, dit-il, garantit que les mêmes électeurs qui ont choisi le président lui donnent également une majorité parlementaire, assurant ainsi une gouvernance harmonieuse et efficace.
D’un autre côté, Robert Dossou critique vivement cette approche, remettant en question la logique et la scientificité derrière de telles affirmations. Il déplore que certains juristes, une fois engagés en politique, semblent délaisser leurs principes scientifiques au profit d’intérêts particuliers. Dossou défend l’idée que le régime présidentiel repose sur une séparation stricte des pouvoirs, où aucune élection ne devrait être subordonnée à une autre. Il met en garde contre les risques d’un glissement vers un régime présidentialiste, où le président de la République exercerait un pouvoir sans contrepoids, menaçant l’indépendance des organes constitutionnels et la liberté de la presse.
Ce débat met en lumière les tensions inhérentes à l’évolution constitutionnelle du Bénin, où les questions de gouvernance, de démocratie et de séparation des pouvoirs sont au centre des préoccupations. Il soulève également des interrogations sur le rôle des juristes dans l’espace public et politique, et sur la manière dont leurs contributions peuvent influencer, voire transformer, le paysage constitutionnel et électoral du Bénin.
Le dialogue entre Zinzindohoué et Dossou illustre la complexité des enjeux liés à la réforme constitutionnelle et au code électoral, révélant un besoin impérieux de réflexion profonde et de consensus au sein de la société béninoise. La question demeure ouverte : quelle voie le Bénin empruntera-t-il pour concilier tradition républicaine et innovation juridique, dans le respect de sa démocratie et de sa stabilité politique?