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Affaire  Boko – Homeky : L’ultime test pour l’indépendance de la justice béninoise

Affaire  Boko – Homeky : L’ultime test pour l’indépendance de la justice béninoise

Après des jours d’incertitude et de spéculations autour de l’affaire Olivier Boko et Oswald Homeky, tous deux accusés d’atteinte à la sûreté de l’État, les deux figures politiques seront présentées ce vendredi au Procureur Spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET). Alors que les tensions politiques continuent de croître, cette audience est perçue comme une ultime épreuve pour la justice béninoise, dont l’indépendance est remise en question.

Les récentes déclarations de la NSIA Banque Côte d’Ivoire, qui a formellement démenti l’existence du compte bancaire de 105 millions de francs CFA prétendument utilisé pour financer une tentative de déstabilisation, ont révélé les failles des accusations portées contre Olivier Boko et Oswald Homeky. Ce revirement a non seulement exposé des incohérences majeures dans l’affaire, mais a aussi renforcé l’hypothèse selon laquelle cette affaire est montée de toutes pièces dans un contexte de règlements de comptes politiques.

Une affaire montée de toutes pièces ?

Depuis l’arrestation d’Olivier Boko, ancien bras droit de Patrice Talon, et d’Oswald Homeky, ancien ministre de la Jeunesse, l’opinion publique est divisée. Si certaines voix dénoncent une tentative de coup d’État, d’autres, y compris des observateurs politiques, considèrent cette affaire comme une machination visant à écarter des rivaux politiques influents à l’approche de la présidentielle de 2026.

Les accusations reposaient en grande partie sur l’existence d’un compte bancaire en Côte d’Ivoire, censé contenir des fonds destinés à déstabiliser le régime en place. Cependant, la NSIA Banque Côte d’Ivoire a récemment démenti ces affirmations, révélant qu’aucun compte n’a été ouvert au nom du Commandant de la Garde Républicaine, comme l’avait affirmé le procureur. En lieu et place, la banque a confirmé l’existence d’un contrat d’assurance-vie, d’un montant bien inférieur à celui annoncé, ouvert depuis le 9 juillet 2024.

Ce démenti a jeté un froid sur les prétentions de la CRIET, soulevant de sérieuses questions sur la nature réelle des accusations portées contre Boko et Homeky. Alors que l’étau semblait se resserrer sur ces deux personnalités, les récentes révélations font vaciller la crédibilité de l’enquête judiciaire menée contre eux.

L’indépendance de la justice en question

La présentation de Boko et Homeky devant le Procureur Spécial de la CRIET ce vendredi représente un moment décisif pour la justice béninoise. En effet, cette affaire cristallise les doutes grandissants sur l’indépendance de la justice dans le pays, particulièrement lorsqu’il s’agit de dossiers hautement politiques. L’affaire Boko-Homeky pourrait bien devenir l’ultime occasion pour le système judiciaire béninois de prouver son impartialité et son indépendance.

Le peuple béninois, ainsi que les observateurs internationaux, attendent de voir si la justice saura se démarquer des influences politiques qui semblent peser sur cette affaire. Une décision équitable, basée sur les faits et non sur des pressions externes, pourrait redonner confiance aux citoyens dans l’intégrité des institutions judiciaires du pays.

Une opportunité pour la CRIET de regagner en crédibilité

Depuis sa création, la CRIET a été à la fois saluée pour ses actions contre la corruption et critiquée pour des décisions jugées trop influencées par le pouvoir en place. Aujourd’hui, la Cour se retrouve au centre de l’attention nationale et internationale, et la manière dont elle traitera le dossier Boko-Homeky pourrait profondément affecter sa crédibilité.

Si les accusations contre Boko et Homeky sont basées sur des preuves fragiles, comme le démenti de la NSIA le laisse entendre, il est impératif que la CRIET reconnaisse ces incohérences et prenne des décisions justes. Dans le cas contraire, elle risque de renforcer l’idée d’une justice instrumentalisée à des fins politiques.

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