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OB26 – Confidences sur un putsch manqué : comment le mouvement a déjoué une tentative de prise de contrôle orchestrée

  • Une manœuvre politique au profit de Talon et son candidat ?
  • Le dossier Boko, catalyseur d’une guerre froide au sein de la jeunesse politique

    La crise profonde que traverse le mouvement Objectif Bénin 2026 (OB26) depuis novembre dernier s’est intensifiée ces dernières semaines. Sur fond de recomposition politique à l’approche de l’élection présidentielle de 2026, le mouvement, porté par une jeunesse militante, fait face à une tentative de déstabilisation aux enjeux plus profonds qu’il n’y paraît.

Un président en ligne de mire

Le 29 octobre 2024, Jean Eudes Mitokpè, président du mouvement et ancien journaliste de Canal3 Bénin, prend position publiquement dans l’affaire Boko-Homeky. Il dénonce alors la “dérive autoritaire” du régime de Talon dont il était pourtant proche, et appelle à une refondation politique. Ce positionnement, loin d’être un dérapage isolé, est le fruit d’une stratégie longuement murie : créer une force autonome capable de proposer une alternative à la gouvernance actuelle. OB26 était depuis, le cadre d’une mobilisation structurée, avec des forums patriotiques et une implantation territoriale forte.

Mais cette dynamique fait des remous partout et ébranle meme les partis du Chef de l’Etat. En décembre 2023 au cours d’une interview,  Patrice Talon aborde pour la première fois la question de OB26. Il ne cache pas sa déception et sur le cas  Oswald Homeky, il sera on ne peut plus clair : Selon lui , son ancien ministre manoeuvre contre la réforme du système partisan. A propos de  Olivier Boko, il dira qu’il ne sait pas s’il est candidat. Ce dernier  a   écopé de 20 ans de prison depuis, après son procès sans avocat pour atteinte à la sureté de l’Etat.

Pourtant, OB 26 ne disparait pas totalement du paysage politique, contrairement à ce que beaucoup pensaient.  En Novembre 2024 déjà, une fronde interne émerge, initiée par les ressortissants du Couffo,  membres du Bureau National, à savoir Juste Riphat Mitokpè,  Nicolas Tchikpé et plus tard Prudent Nasséhou,  Fréjus Souhoundé, Franck Dégbé et Igor Tossou : des jeunes cooptés dans le Bureau National de facon discrétionnaire par le Président sans élection ; Une grave erreur que Jean Eudes MITOKPE qui fait ses premières classes en politique, comprendra très vite.

Selon les déclarations des jeunes du mouvement créé, et qualifié de fantoche par l’aile JEM, ceux qui dénoncent aujourd’hui une personnalisation du mouvement, auraient reçu le soutien de figures politiques proches du pouvoir pour organiser leur propre assemblée générale. Objectif : renverser Jean Eudes Mitokpè et réorienter OB26 vers un positionnement plus conciliant avec le régime en place, donc au profit de Talon. Les frondeurs lors de l’organisation de l’Assemblée pirate ne le cachent pas. Dans leur discours de clôture, ils annoncent même vouloir rejoindre l’Union Progressiste et continuer à soutenir les réformes de patrice Talon, qui pourtant est en fin de mandat.

Une tentative de déstabilisation ?

Les faits rappellent à certains observateurs les crises internes ayant secoué les FCBE de Boni Yayi ou le MPL de Expérience Tébé. A chaque fois, les dissensions internes ont conduit à une mainmise indirecte du pouvoir sur des structures auparavant critiques. Mais ici, le scénario semble échouer.   Le Bureau National de OB26 a rapidement acté l’exclusion des frondeurs pour fautes graves. Le mouvement réaffirme sa ligne d’autonomie politique et sa fidélité à une jeunesse déçue des pratiques politiques actuelles. « OB26 n’est pas à vendre », répètent les communiqués publiés depuis.

Une jeunesse mobilisée et structurée

Loin d’être un mouvement de circonstance, OB26 s’est doté, sous la houlette de Jean Eudes Mitokpè, d’une structuration solide : coordination dans les 12 départements, cellules communales, activités publiques régulières. En janvier 2023, une tournée nationale a permis de renouveler le pacte avec les bases. Le mot d’ordre est clair : construire l’alternative de demain sans clientélisme, sans compromis en comptant sur les ressources propres. Dans cette perspective, la fidélité de Mitokpè à Olivier Boko, figure controversée mais populaire au sein d’une jeunesse réformiste, semble avoir été un déclencheur. Il se murmure que certains proches de Patrice Talon auraient suggéré à Mitokpè d’opérer une rupture nette avec Boko. Devant son refus, la fronde aurait été activée.

Quel bénéfice politique ?

Le contexte préélectoral donne à cette crise une dimension stratégique. Dans les cercles proches du palais, le nom de Romuald Wadagni circule comme possible héritier politique du chef de l’État, dont les jeunes frondeurs comptent vendre les réformes à travers une tournée nationale. Pour tout candidat à la Présidentielle de 2026, obtenir l’adhésion d’une structure telle que OB26 aurait été un coup politique fort. Mais le mouvement fantoche, porté par des jeunes en rupture avec les logiques d’instrumentalisation, semble avoir décidé d’écrire sa propre trajectoire.  Car en résistant à la tentative de putsch interne, OB26 sort paradoxalement renforcé de cette épreuve. La crise a clarifié les lignes : d’un côté, une jeunesse engagée, attachée à la souveraineté de son engagement ; de l’autre, une frange prête à toutes les compromissions pour exister. Au Bénin, à l’heure où la politique semble souvent se résumer à des arrangements de couloir, OB26 rappelle que d’autres chemins sont possibles. Encore faut-il la force de les suivre.

 

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