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🇧🇯 Présidentielle 2026 au Bénin : les manœuvres discrètes du clan Talon pour imposer un successeur familial

 🇧🇯 Présidentielle 2026 au Bénin : les manœuvres discrètes du clan Talon pour imposer un successeur familial

Par la rédaction politique

Alors que le président béninois Patrice Talon,  est à la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel et a annoncé  qu’il « serait actif dans le choix de son successeur », des dynamiques souterraines dans son cercle rapproché indiquent que le processus de succession pourrait échapper aux cadres institutionnels établis. Le nom d’Aurèle Codjia, présenté comme le gendre du chef de l’État, revient avec insistance dans les milieux politiques informés, relançant les interrogations sur l’intégrité du processus démocratique en vue de la présidentielle de 2026.

Une ambition née dans l’ombre du pouvoir

Selon des sources concordantes, bien introduites dans l’entourage familial et professionnel du président, la candidature d’Aurèle Codjia ne serait pas une simple spéculation. Depuis au moins 2022, des membres influents de la famille présidentielle s’activeraient en coulisse pour tester sa crédibilité comme potentiel successeur. Sans affiliation officielle à un parti politique, Codjia gère pourtant plusieurs intérêts privés du chef de l’État, ce qui lui confère une influence stratégique au sommet de l’appareil étatique. Ces derniers mois, il a multiplié les sorties improvisées souvent dans l’ombre du Chef de l’Etat.

D’après nos informations, c’est l’actuel ministre des Sports Benoit Dato, lui-même lié au cercle familial, qui aurait initié les premières consultations en faveur de Codjia. À cette époque, il s’agissait de préparer le terrain en sondant la base politique, les élus de la mouvance et les relais d’influence dans les sphères économiques et médiatiques. Benoit Dato a échangé avec plusieurs personnes au sujet de la candidature de Aurèle Codjia.

Une mise à l’écart des ambitions concurrentes

La manœuvre ne s’est pas opérée sans heurts. L’ancien ministre des Sports, Oswald Homéky,  aurait été progressivement marginalisé. Son rapprochement avec Olivier Boko, autre fidèle de Talon, aurait accéléré son isolement. Il avait en son temps été remplacé par Benoît Dato, un profil perçu comme plus malléable et aligné sur les objectifs du clan familial. Ce redéploiement des pions dans l’organigramme gouvernemental a eu pour effet de renforcer le contrôle du cercle restreint de Talon sur l’appareil d’État et les relais politiques.

Le système partisan détourné

Le projet de réforme du système partisan, porté depuis 2018 pour structurer l’offre politique et rationaliser la compétition électorale, semble désormais vidé de sa substance. La logique des partis de masse – incarnée par l’Union Progressiste le Renouveau (UPR) et le Bloc Républicain – a souvent été contournée au profit d’un schéma opaque, fondé sur des arrangements personnels et des appartenances claniques selon de nombreux observateurs à Cotonou. Plusieurs cadres de la mouvance commencent à exprimer d’ailleurs, en privé, leur malaise face à cette personnalisation excessive du pouvoir, mais restent silencieux, parce que tenus par différents dossiers.

Des sources au sein de l’UPR révèlent que des consignes informelles auraient été transmises aux responsables de partis soutenant Talon, leur enjoignant de « se préparer à faire bloc autour d’un nom qui sera choisi par le président ». Aucune instance officielle n’a été consultée, et encore moins les bases militantes. Une pratique qui trahit les principes mêmes de la réforme constitutionnelle et politique entreprise ces dernières années.

Une succession à haut risque politique

Au-delà des questions de légitimité, la tentative de positionner un candidat sans assise politique visible, dans un pays qui a vu l’exclusion systématique des opposants et un recul marqué des libertés, pourrait exacerber les tensions à l’approche de 2026. Au delà de Aurèle Codjia , Romuald Wadagni est aussi évoqué depuis que Patrice Talon semble avoir définitivement écarté l’option Djogbénou après les législatives de 2023. Toutefois, le  candidat qui émergera du système Talon héritera non seulement d’un passif social lourd – avec une pauvreté endémique, un mécontentement populaire, et une dette publique en hausse – mais aussi d’une fracture politique jamais réellement cicatrisée depuis les élections exclusives de 2019 et 2021.

Alors que les regards sont tournés vers Patrice Talon pour connaître son « choix », nombreux sont ceux qui redoutent que ce choix ne soit ni consensuel, ni démocratique. La répétition des scénarios d’exclusion et de désignation autoritaire d’un successeur risque de plonger le pays dans un cycle de contestations post-électorales prévisibles avec l’opposition à l’affut. Dans cette perspective, l’alerte est donnée : au Bénin, la démocratie formelle tient encore, mais la dynamique réelle du pouvoir tend vers une transmission voulue et camouflée derrière les institutions. Le jeu est loin d’être ouvert.


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