⚖️🛑La CRIET : Une balafre sur le visage de la justice béninoise ? ⚖️🛑
Depuis sa création en 2018, la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) n’a cessé d’attirer les critiques sur son fonctionnement. Dans une affaire aussi emblématique que celle de la prétendue tentative de coup d’État impliquant Olivier Boko et Oswald Homéky, cette institution se trouve de nouveau au centre de la tourmente, accusée de pratiques qui remettent en cause les fondements même d’une justice équitable et impartiale.
Une procédure sous le feu des critiques
Les récentes déclarations de Me Ayodele Ahounou, avocat de la défense d’Olivier Boko, révèle les dysfonctionnements profonds qui minent les procédures menées par la CRIET. Dès les premières étapes de l’instruction, des vices procéduraux « insurmontables », selon les mots de l’avocat, ont entaché l’affaire. Il pointe notamment la non-transmission complète et conforme des dossiers à la défense, une violation flagrante des droits élémentaires garantis aux accusés dans tout système judiciaire digne de ce nom.
« Ce que nous avons vu sur la table des juges ne correspond en rien au dossier qui a été mis à notre disposition », déplore Me Ahounou. Cette situation, qui empêche les avocats de se préparer efficacement, ne constitue pas une simple irrégularité, mais un affront au droit à une défense équitable, un pilier fondamental de toute démocratie.
L’ombre de la politisation
Derrière ces irrégularités, beaucoup dénoncent une justice biaisée, perçue comme un outil d’instrumentalisation politique. L’affaire Boko-Homéky, marquée par un manque évident de preuves tangibles selon les conseils des mis en cause, est emblématique des soupçons qui pèsent sur la CRIET. Cette cour spéciale, bien qu’initialement conçue pour lutter contre des crimes graves, semble aujourd’hui être davantage utilisée pour neutraliser des figures politiques et asphyxier toute dissidence. L’accélération incompréhensible de la procédure dans cette affaire en est une illustration. En dépit de l’absence de contraintes temporelles, les magistrats ont rejeté les demandes de nullité avec une rapidité suspecte. « La justice doit prendre son temps pour garantir une impartialité totale. Ce que nous voyons ici, c’est tout le contraire », martèle Me Ahounou.
Une institution sous pression
Au-delà des cas individuels, c’est le rôle même de la CRIET dans l’arsenal juridique béninois qui pose problème. Conçue comme une cour exceptionnelle, elle opère en dehors des cadres juridiques classiques, ce qui soulève des questions sur son indépendance et sa transparence. Les avocats dénoncent régulièrement un déséquilibre dans l’instruction des dossiers, avec une focalisation quasi-exclusive sur les éléments à charge, au détriment des preuves à décharge. La non-transmission d’une exception d’inconstitutionnalité à la Cour constitutionnelle, comme l’exige pourtant le Code de procédure pénale, est un autre exemple accablant. Ce refus constitue une transgression des normes légales qui, dans tout autre contexte, aurait été jugée inadmissible.
Une justice à réinventer
L’affaire Boko-Homéky, et plus largement le rôle de la CRIET, ouvre un débat important sur la justice au Bénin. Une justice équitable ne peut exister sans des institutions impartiales et respectueuses des droits fondamentaux. Or, la CRIET, par son fonctionnement actuel, apparaît de plus en plus comme une balafre dans le paysage judiciaire national, remettant en cause l’image d’un pays qui se veut démocratique. Alors que l’opinion publique exprime un scepticisme constant, il est urgent que les autorités revoient le mandat et les pratiques de cette cour. Sans cela, le risque est grand de voir la justice béninoise sombrer dans une spirale de discrédit, où la quête de vérité est sacrifiée sur l’autel des intérêts politiques.