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⚖️ Silence et huis clos à Adjina : ce que cache la visite de Pascal Essou à Adrien Houngbédji

🇧🇯🤝 Pascal Essou chez Adrien Houngbédji : une visite qui en dit long, dans un Bénin politique en quête d’équilibre

C’est un geste discret mais symboliquement fort, le Médiateur de la République, Pascal Essou, a poursuivi sa tournée de consultations en rencontrant Me Adrien Houngbédji, ancien président de l’Assemblée nationale et figure tutélaire du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), ce lundi 5 mai 2025 à Porto-Novo. Si l’entretien s’est déroulé à huis clos, sa portée dépasse largement la courtoisie républicaine. Elle éclaire un moment politique délicat pour le Bénin à moins d’un an des élections générales de 2026.

Une initiative à double détente

La démarche du Médiateur s’inscrit dans un effort officiel d’apaisement des tensions préélectorales, marqué par une série de rencontres avec d’anciens chefs d’institutions. Le 15 avril, il avait déjà rendu visite à l’ancien président Nicéphore Soglo. En allant cette fois à Adjina rencontrer Adrien Houngbédji, c’est un autre pan majeur de l’histoire politique récente du Bénin qui est sollicité. Non pas en tant qu’allié mécanique du régime, mais comme conscience critique d’un pouvoir qu’il a accompagné, mais qu’il questionne de plus en plus ouvertement.

Cette visite n’est pas anodine : elle s’adresse à une figure respectée pour sa modération, sa longévité et sa connaissance profonde des ressorts de la scène politique béninoise. Elle semble acter le fait qu’au sommet de l’État, on mesure l’urgence de renouer avec certaines voix devenues dissonantes — non pas pour les faire taire, mais pour les écouter.

Adrien Houngbédji, un “allié” devenu franc-tireur

En effet, Adrien Houngbédji, tout en appartenant à la mouvance présidentielle via l’intégration du PRD à l’Union Progressiste le Renouveau, n’a cessé ces derniers mois de hausser le ton. Au cours du Sommet des Jeunes à Cotonou, ses propos ont fait mouche : il y dénonçait à demi-mot l’exclusion électorale, appelait à des réformes inclusives, et surtout, à la réconciliation. Loin du langage calibré de la majorité, ses déclarations rompent avec l’alignement de façade qui caractérise souvent les partis de soutien au pouvoir.

C’est là toute la complexité du discours de Houngbédji : soutien institutionnel par le passé, partenaire de gouvernance, mais aujourd’hui voix d’alerte. Une posture qui inquiète probablement certains cercles du pouvoir, mais qui peut aussi leur être utile.   Cette rencontre s’inscrit aussi dans une recomposition politique plus large. Le silence actuel autour des candidatures à la présidentielle, les tiraillements internes à l’Union Progressiste, les tensions entre mouvance et opposition, et les appels de figures comme Houngbédji ou Soglo à une démocratie plus inclusive témoignent d’un besoin de “reconfigurer le logiciel” politique.

Le Médiateur, dans ce contexte, joue un rôle de modérateur institutionnel, mais aussi d’alerteur officieux auprès du chef de l’État. Le simple fait que des voix comme celle de Houngbédji prennent à nouveau le devant de la scène montre que le climat politique est suffisamment tendu pour que le pouvoir tente des gestes de décrispation.

Une opportunité pour un virage politique ?

La question centrale est désormais la suivante : cette série de visites est-elle le prélude à une véritable ouverture du jeu électoral ? Ou s’agit-il d’un simple habillage de dialogue destiné à apaiser les tensions sans modifier les règles du jeu ? La sincérité de la démarche se mesurera à l’aune des actes à venir : relecture des lois électorales, levée des obstacles à la participation politique, ou même élargissement du champ démocratique par la reconnaissance de toutes les forces politiques.

En tout état de cause, cette rencontre, discrète mais stratégique, montre que la phase de tension feutrée dans laquelle est entré le Bénin appelle des réponses intelligentes. Celles-ci ne viendront ni de la seule mouvance, ni d’une opposition divisée, mais d’un sursaut collectif auquel des figures comme Adrien Houngbédji peuvent encore contribuer.

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